La Fenêtre du vent

11,50 10,93


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Récit dont le narrateur est un jeune conscrit, perdu en pleine guerre de conquête de l’Algérie, dans les années 1840. Jeanne Bastide, avec beaucoup de sensibilité et de justesse pénètre son univers mental et donne voix à son désarroi, sa peur et la nostalgie de son terroir.

Format 10 x 20 centimètres
Pages 82
Photo de couverture, Jeanne Bastide
Collection “ Thoth ”
Prix 11,50 €  10,93 €
(remise 5% liée à la vente en ligne)

UGS : 9782915120851 Catégorie :

Extrait

Années 1840, conquête de l’Algérie. La France mène une “ campagne de pacification ”. Joseph, jeune conscrit, a quitté ses vignes et traversé la Méditerranée. Il s’adapte comme il peut à la vie du casernement mais il lui faut bientôt tenir son rôle dans cette tragédie : détruire les récoltes, piller et brûler les villages, massacrer les populations… Alors Joseph tue. Trop, pour lui. Il s’exprime peu ; les mots restent enfouis et tournent sans cesse dans sa tête. Car si Joseph est secret, c’est qu’il habite aussi un autre ciel où il fait corps avec l’intensité de la lumière, l’immensité du bleu, envoûté par le bruit d’une robe froissée qui s’éloigne…

Entre le dit et le non-dit, Jeanne Bastide s’empare de notre douloureux héritage colonial pour interroger, à travers les pensées et les actes de son narrateur, l’ambiguïté de la conscience humaine face à l’amour et à la guerre ; un chant d’exil sensible et fulgurant.

 

7

J’ai voulu partir. Il y a longtemps. Au moins un mois. Je suis là, assis sur le seuil du baraquement, dans le soir qui tombe et je pense à ce temps de longtemps.
Plus d’un mois que je suis là. À faire une guerre que je ne comprends pas. À me répéter que cette terre est mienne alors qu’elle est déjà habitée. Quarante jours passés dans une chaleur sauvage à traquer l’indigène qui ne m’a rien fait.
Ma terre, je la connais. Ses vignes, la douceur de ses collines et ses habitants.
Ici, le vent griffe la peau et on disparaît dans la verticale de la lumière. Le soleil est direct. Ne s’encombre pas. L’ombre est transparente. Il faut superposer les ombres pour s’abriter.
Le capitaine “Que diable” qui est ici depuis plusieurs années a dû voir sa peau s’épaissir et ses yeux éclaircir. Quand je le regarde, j’ai l’impression que son regard vient de derrière lui et traverse son crâne. Son iris bleu est un éclair. Je n’en ai plus peur. Je crois qu’il cache sa bonté sous sa rudesse – comme les gens d’ici. Comme le climat d’ici.
Mais au combat, il est un autre homme. Spirituel et affable dans le privé, homme de bonne compagnie, il est impitoyable dans l’exercice de son autorité. Sa réputation d’homme cruel le devance. Certains jours il se fait gloire de la confirmer. “Qu’on leur tranche la tête, que diable, qu’est-ce que vous attendez ?” Cet homme est-il double ? Comment peut-il proclamer qu’avec “ces gens-là le meilleur langage à tenir est celui du sabre et de la terreur” et avoir un tel sourire dans les yeux ?
La semaine dernière il fait décapiter deux hommes sur la place publique – sans jugement. Je ne me rappelle même plus le prétexte ! “Il faut régner par la terreur” dit-il comme s’il prophétisait.
Il prédit l’avenir du pays. “Quand l’Algérie sera définitivement française coulera le lait et le miel comme en Palestine et en Égypte au temps des vaches grasses.” Je crois qu’il se prend pour un chevalier des temps modernes. Alger, la nouvelle Jérusalem !

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Spécifications

Poids187 g
ISBN

978-2-915120-85-1

EAN

9782915120851

ISSN

1625-9173

Collection

Thoth

Format

10 x 20 cm

Pages

82

Prix

11,50 €

Dépôt légal

1er trimestre 2013

Auteur

Jeanne Bastide

Editeur

L'Amourier éditions