Sur les pas de mon père

15,00 14,25


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Les pages qui développent ce portrait et l’établissent sous nos yeux comme une force vivante sont marquées par un délicat mélange de proximité et de pudeur. Jacques Audiberti prend forme et vie dans son quotidien et déjà perce sa tension physique de créateur plastique et sa volonté d’écriture : il marche les rues, il marche les mots. Dans cette relation charnelle avec le monde s’installe la présence vivante, organique de la ville. (Yves Ughes)

Format 14,5 x 20 centimètres
Pages 126
Dessin de couverture Bernadette Griot
Collection « Bio »
Prix 15€  14,25 €
(remise 5% liée à la vente en ligne)

UGS : 9782915120998 Catégorie :

Extrait

Jacques Audiberti, poète, romancier et célèbre dramaturge, ogre fragile oscillant entre rires tonitruants et fêlures intimes, démiurge sans cesse inquiet, a traversé la vie engendrant et chevauchant d’innombrables déferlantes de mots.
Marie-Louise Audiberti, écrivain elle aussi, a grandi auprès de cet homme fait de débordements, de générosité et de mystères.
Aujourd’hui elle tente de suivre ce père fantasque, l’accompagner dans ses tribulations, imaginaires ou non. Si d’autres savent expliciter savamment l’écriture audibertienne et l’explorer de l’intérieur, Marie-Louise Audiberti s’est donné pour but de confronter l’homme et l’œuvre, le père et le verbe.
En même temps qu’une époque, elle visite les lieux fondateurs, d’Antibes à Paris, villes où l’essentiel se joue, car ce père marche les rues, comme il marche les mots.

 

Victor Hugo

Une autre figure tutélaire enfantée par les lieux est Victor Hugo. Quel rapport avec Antibes ? À l’époque n’existait pas encore le buste de l’écrivain érigé aujourd’hui sur les remparts, le front lumineux et vert, les cheveux rabattus en arrière comme lissés par les vagues en délire. Dans la masse oxydée je vois un crâne énorme, des yeux bridés, assez pervers, la bouche finement sensuelle de l’homme qui aimait trop les femmes. Le jeune lecteur prévoyait-il que le dieu des lettres se poserait un jour à Antibes entre Picasso, Vauban, Napoléon, et d’autres têtes couronnées ?
Si Victor Hugo s’est vite imposé à lui c’est qu’à Antibes, dans la maison de la rue du Saint-Esprit et plus tard avenue Saint-Roch, il y avait des livres, de vrais livres. Mon père s’en étonnait lui-même. D’où venaient ces livres ? Qui les avait achetés, apportés ? Les œuvres de Victor Hugo dans la collection Nelson, j’ai pu les voir sagement alignées dans la bibliothèque du grand-père. Et c’est ainsi que le fils du maçon devient un grand hugolien.
Lire c’est déjà écrire. Si Napoléon est la figure du pouvoir militaire, le conquérant type, Victor Hugo est une sorte de Dieu le père, maître ès poésie. “ Pour mon compte, écrit Audiberti, je n’aimais que Hugo, tant dans les livres qu’il avait donnés sous son propre nom que dans ceux qui le dénonçaient à travers un pseudonyme transparent, Michelet, Leconte de Lisle, Gustave Flaubert, Émile Zola ”, Victor Hugo dont Breton lui-même dit qu’il a ouvert la voie au surréalisme.
Son admiration pour Hugo n’était pas sans quelque nuance. Quand mon père annonce à Paulhan son poème V.H., il le prévient : “ J’en fais Dieu, vous savez, mais je lui dis ses quatre vérités.” Pour lui, Hugo n’avait pas mis le bonnet rouge au dictionnaire contrairement à ce qu’il avait annoncé. Lui, Audiberti, allait davantage faire éclater la langue, la dévergonder.
Quant à l’exil forcé d’Hugo à Guernesey, papa a son idée car il connaît le pouvoir des lieux. L’exil nous ramène au cœur même de la poétique. Hugo, dans son trajet d’homme et de poète, avait “ soif d’océan et de plein ciel ”. “ II avait eu l’instinct viscéral de sa propre légende.”
Hugo, encore un homme qui marche. Il marche pour voir. Les îles anglo-normandes, les îles de l’exil, il ne cesse de les arpenter pour mieux les absorber. Comment le jeune poète antibois si sensible au concret des lieux ne se sentirait-il pas proche du grand écrivain capable de s’assimiler aux éléments, d’en puiser la force de son verbe dans une sorte de dévoration ? Là où les destins s’écartent, c’est que Victor Hugo est aussi un homme politique, tandis qu’Audiberti reste éminemment un homme poétique, sauf à considérer que la poésie, censée retourner à l’essence du monde, serait essentiellement politique. Pour Audiberti, le coup d’État du 2 décembre “ décochait deux prétendants analogues, conservateurs cocardiers teintés d’ouvriérisme prudent, chacun sur un trône, ici de velours, là de rocher, l’un comme l’autre au plein de son majeur souhait, souhait lucide chez le Bonaparte d’Amsterdam, souhait touffu chez le Jehovah de Besançon.”

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Spécifications

Poids187 g
ISBN

978-2-915120-99-8

EAN

9782915120998

ISSN

2259-6976

Collection

Bio

Format

14,5 x 20 cm

Pages

126

Prix

15,00 €

Dépôt légal

3ème trimestre 2014

Auteur

Marie-Louise Audiberti

Editeur

L'Amourier éditions