La toute pleine de grâce

18,00 17,10


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Au-delà d’un récit sur les livres et la lecture, La toute pleine de grâce est la métaphore de ce qu’il adviendrait si nous en venions à si peu aimer la langue, à si peu l’entourer que nous la perdions et que par là même nous perdions l’espèce.

Format 14,5 x 20 centimètres
Pages 212
Logo couverture Derez A Derez
Collection “ Fonds Prose ”
Prix 18,00 €  17,10 €
(remise 5% liée à la vente en ligne)

UGS : 9782915120653 Catégorie :

Extrait

 

Une jeune fille s’apprête, comme tous les soirs à l’heure où le crépuscule d’automne s’annonce, à lire l’ouvrage choisi dans la bibliothèque familiale par son grand-père, lequel est grand amoureux des livres et de la langue. Alors même qu’elle passe le seuil de la maison (on est à Montignac-Lascaux) pour gagner le jardin de lecture qu’elle a créé, Felicidad Archambault raconte comment elle en vint au goût de lire; comment la langue la bouleverse et l’accompagne; combien elle demeura privée de mots et de paroles jusqu’à ses douze ans; et ce qu’il en fut pour elle de venir au monde dans un bidonville de Santiago du Chili, d’y vivre comme mouche sous un pot, enfant-esclave de coquins pour qui tuer était ruiner d’abord la langue qui fait l’humanité de chacun; et le miracle qu’elle connut d’être un matin enlevée au désastre.

Au-delà d’un récit sur les livres et la lecture, La toute pleine de grâce est la métaphore de ce qu’il adviendrait si nous en venions à si peu aimer la langue, à si peu l’entourer que nous la perdions et que par là même nous perdions l’espèce.

Le jour où ma maman mourut, alors que j’avais passé bien de mon temps blottie contre elle depuis ma naissance, de la sentir froide et moi glacée, je m’étais dressée, j’avais bondi et couru, couru, couru à perdre haleine de sorte que pour la première fois je sus que j’avais deux pieds et deux jambes, pour la première fois j’appris que je cachais des ailes dans la bosse que je portais clouée sur le dos. J’allais reprendre mon souffle loin de Cerro Navia, dans la fameuse rue Mediana, je sus ce nom plus tard, Calle Mediana, je restais terrée dans un coin de mur, dos tourné au monde, ma bosse entre les omoplates, un porte-bonheur qui n’en avait jamais été un mais il me faut bien dire que les autres nous font comme ils nous voient et que nous accordons crédit à leur regard et que pareille acceptation nous pénètre de manière quitement irrémédiable et nous façonne. À la vue de mon étrange baluchon sur le dos, la rue se mit à me jeter des piécettes ; et j’entendais le métal léger tinter autour de mon corps. L’amorphe Esteban aux yeux de caïman que Filistina avait jeté à mes basques repéra sur le champ le manège des passants tout affairés à toucher ma boursouflure et à me faire gracieuse et abondante aumône. Et il m’est d’importance de dire que l’événement se passa à deux doigts de la boutique du marchand de livres, Alvarez y Libros.

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Spécifications

Poids254 g
ISBN

978-2-915120-65-3

EAN

9782364180222

ISSN

2259-6976

Collection

Fonds proses

Format

14,5 x 20 cm

Pages

212

Prix

18,00 €

Dépôt légal

1er trimestre 2010

Auteur

Adelyne Yzac

Editeur

L'Amourier éditions